Assez haut dans ma To-Watch List : La Graine et le Mulet, d'Abdel Kechiche. Je traînais ce nom sur un post-it depuis 2007, et régulièrement je me prenais une piqûre de rappel.
Synopsis : "Sète, le port. Monsieur Beiji, la soixantaine fatiguée, se traîne
sur le chantier naval du port dans un emploi devenu pénible au fil des
années. Père de famille divorcé, s'attachant à rester proche des siens,
malgré une histoire familiale de ruptures et de tensions que l'on sent
prêtes à se raviver, et que les difficultés financières ne font
qu'exacerber, il traverse une période délicate de sa vie où tout semble
contribuer à lui faire éprouver un sentiment d'inutilité. Une
impression d'échec qui lui pèse depuis quelque temps, et dont il ne
songe qu'à sortir en créant sa propre affaire : un restaurant.
Seulement, rien n'est moins sûr, car son salaire insuffisant et
irrégulier, est loin de lui offrir les moyens de son ambition. Ce qui
ne l'empêche pas d'en rêver, d'en parler, en famille notamment. Une
famille qui va peu à peu se souder autour d'un projet, devenu pour tous
le symbole d'une quête de vie meilleure. Grâce à leur sens de la
débrouille, et aux efforts déployés, leur rêve va bientôt voir le
jour... Ou, presque..."
Beaucoup de mots dans ce synopsis... et tellement peu dans le film. J'allais faire ma vaisselle, passer l'éponge, lire 2 ou 3 courriers, passer le balai. J'ai lancé un film. La Graine et le Mulet. Pourquoi pas. Erreur d'intention.
Il y a les bobines qu'on regarde en faisant autre chose : les films sur des blondes qui révolutionnent le monde (aka les USA), ceux qu'on a vus et revus et dont on connaît déjà les répliques, à regarder les yeux fermés, ou encore ceux qu'on s'est promis qu'on regarderait mais dont le contenu, finalement, nous fait aussi envie qu'une raclette en période de canicule (quoique...).
La Graine et le Mulet, chez moi, ça donne une assiette qui goutte par-terre pendant que je me retourne, une crampe à force de rester debout en me disant que mon enveloppe demi-ouverte attend, et un thé tiède à froid, infusé le temps du film. Un peu trop.
Difficile de détacher son regard de ce film intense et extrêmement touchant. Monsieur Beiji pense mais ne dit rien. Il assiste impuissant au cirque autour de lui, au vaudeville familial et à l'absurdité de tous ceux qui sont VIP dans leur propre royaume. Et oublient qu'ils ne le sont pas ailleurs.
Finalement, Monsieur Beiji est une sorte de Dieu qui assiste impuissant à la pièce qu'il a montée. Il est là sans y être, il a fait naître des individus et des situations, mais il leur a aussi donné le libre-arbitre. Et il ne peut rien faire. Qu'observer.
Il faut prendre le temps de le voir, et prendre son temps, surtout. Apprécier.
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